Deux années d’arrêt maladie peuvent peser plus lourd sur votre retraite qu’une décennie d’accumulation de trimestres sans incident. Ce n’est pas une anomalie du système, mais bien une mécanique précise, façonnée au fil des réformes, des statuts et des subtilités réglementaires. Avant de songer à la retraite après un long arrêt, mieux vaut décortiquer les règles du jeu, car la moindre omission peut coûter cher.
Le traitement des arrêts maladie par la Sécurité sociale n’a rien d’uniforme. On distingue d’abord la nature de l’absence : l’arrêt indemnisé par la Sécurité sociale, celui sans indemnisation, ou encore l’arrêt lié à une affection de longue durée reconnue. À chaque cas, des répercussions différentes sur les droits à la retraite. Le statut professionnel, salarié, agent public, exploitant agricole, influe aussi sur le calcul. Entre secteur privé et fonction publique, de subtiles variations existent, susceptibles de modifier le cours d’une carrière.
Comprendre l’arrêt maladie : droits, validation des trimestres et prise en compte pour la retraite
Dès qu’un arrêt maladie s’impose, qu’il soit lié à une pathologie ordinaire, à une maladie professionnelle ou à un accident du travail, le quotidien du salarié ou du fonctionnaire bascule. L’assurance maladie ou la Msa prend alors le relais et verse des indemnités journalières. Ce soutien financier change la donne pour le calcul des droits à la retraite.
Voici la règle de base : pour chaque période de 60 jours indemnisés, un trimestre d’arrêt maladie est validé, avec un maximum de quatre par an. Ce principe ne s’applique qu’aux arrêts indemnisés. Une absence non indemnisée ne rapporte aucun trimestre. Les indemnités journalières maladie ne sont pas intégrées dans le calcul du salaire annuel moyen, mais valident la durée d’assurance. C’est là que le bât blesse : si les trimestres sont validés, ces périodes n’augmentent pas la moyenne des salaires, ce qui peut entraîner une baisse de la pension.
Les congés de longue maladie ou de longue durée, souvent accordés aux agents publics, obéissent à un régime particulier. La validation des trimestres dépend du maintien du traitement, qu’il soit partiel ou total. En temps partiel thérapeutique, la validation des droits s’ajuste en fonction du temps de reprise effectif.
À noter : seules les périodes d’affection de longue durée exonérantes, reconnues par l’assurance maladie, permettent la validation automatique de trimestres. Entre salarié du privé, agent public ou affilié du régime agricole, les conséquences diffèrent. Passer en revue chaque ligne du relevé de carrière se révèle indispensable pour repérer les absences de validation avant la liquidation de la retraite.
Quel impact concret sur le montant de la pension et l’âge de départ à la retraite ?
Premier constat qui s’impose : un arrêt maladie ne décale pas mécaniquement l’âge de la retraite, tant que le nombre de trimestres validés reste suffisant. Les indemnités journalières perçues pendant l’arrêt permettent de valider jusqu’à quatre trimestres par an. Mais attention au revers : ces périodes ne sont pas intégrées dans le calcul du salaire annuel moyen. Conséquence directe : elles ne font pas grimper le montant de la pension. Une succession de longs arrêts maladie dans une carrière peut donc rogner sensiblement la future retraite.
Pour la retraite complémentaire, la logique est différente. Les points sont attribués uniquement en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle. Lors d’un arrêt maladie classique, les salariés du privé relevant de l’Agirc-Arrco voient leur compte de points figé, sauf si la pathologie est reconnue comme professionnelle ou accidentelle. Pour les agents publics, tout dépend du montant de traitement maintenu pendant l’absence.
Le report de l’âge légal de départ ne survient que si la personne n’a pas validé le nombre de trimestres requis. La réforme des retraites de 2023 a reconfiguré la donne pour les carrières longues : certaines périodes d’arrêt maladie comptent désormais pour un départ anticipé, sous conditions précises. L’inaptitude ou l’incapacité permanente donnent droit à des dispositifs particuliers, comme la pension d’invalidité, qui bascule en pension de retraite à l’âge légal.
Conseils pratiques et exemples pour sécuriser sa retraite après un arrêt maladie, notamment en fin de carrière
Arrivé à la fin de sa vie professionnelle, il devient primordial de passer au crible son relevé de carrière. La première démarche consiste à vérifier que chaque période d’arrêt maladie et chaque trimestre validé y figurent bien. Si une période indemnisée n’apparaît pas, contactez sans délai votre caisse d’assurance retraite ou la MSA pour demander une rectification.
Pour compenser des interruptions longues, il existe la possibilité de recourir au rachat de trimestres. Ce levier, accessible sous certaines conditions, permet de compléter une carrière incomplète, que l’on soit salarié du privé ou fonctionnaire approchant du départ. Le coût du rachat varie selon l’âge, le revenu et le nombre de trimestres à régulariser.
Exemple concret
Voici deux situations fréquemment rencontrées :
- Un salarié en arrêt maladie de longue durée constate qu’il lui manque deux trimestres sur son relevé de carrière. Avant de déposer son dossier de retraite, il sollicite sa caisse primaire d’assurance maladie pour rectifier la situation. Les trimestres sont régularisés, sa date de départ reste inchangée.
- Une fonctionnaire, placée en congé de longue maladie deux ans avant la fin de son activité, choisit le temps partiel thérapeutique pour reprendre progressivement. Cette option lui permet de continuer à valider ses trimestres tout en préservant sa santé et ses droits.
Certains choisissent le cumul emploi retraite pour pallier la baisse de pension liée à de multiples arrêts maladie. Ce dispositif autorise une reprise d’activité tout en percevant ses droits à la retraite, sous réserve du respect des règles propres à chaque régime. Un choix qui suppose de bien s’informer pour éviter les mauvaises surprises.
Au fil d’une carrière, chaque période d’arrêt s’imprime sur le relevé comme une empreinte silencieuse. Prendre le temps de vérifier, ajuster, anticiper : voilà ce qui permet, le moment venu, de transformer une trajectoire heurtée en départ maîtrisé. À chacun de tracer la sienne, sans laisser les absences décider seules du dernier acte.