Depuis 2014, certaines carrières longues permettent un départ en retraite anticipée dès 60 ans, sous conditions strictes. Le dispositif s’adresse uniquement aux personnes ayant commencé à travailler tôt et justifiant d’une durée d’assurance cotisée supérieure à la moyenne.
Les périodes de chômage non indemnisé, de maladie ou de maternité n’entrent pas systématiquement dans le calcul. Les critères évoluent selon l’année de naissance et la nature des trimestres validés. Des cas particuliers concernent aussi les assurés handicapés ou victimes d’accidents du travail.
Départ anticipé à la retraite dès 60 ans : qui est concerné et pourquoi ?
Le départ anticipé à la retraite dès 60 ans n’est pas une chance offerte à tous. Ce dispositif concerne surtout ceux qui ont rejoint le monde du travail très jeunes, sous la bannière des carrières longues. La réglementation impose à ces actifs de prouver un nombre précis de trimestres cotisés avant d’atteindre un certain âge, souvent 20 ou 21 ans, en fonction de l’année de naissance. Les métiers exposés, comme les fonctionnaires de catégorie active ou les salariés en contact avec l’amiante, sont également concernés.
On distingue plusieurs profils concernés par ce départ avancé :
- Les salariés ayant commencé leur carrière professionnelle avant 20 ans et totalisant le nombre de trimestres requis pour leur génération.
- Les assurés reconnus en incapacité permanente d’au moins 50 %, avec un taux d’invalidité officiellement reconnu.
- Ceux qui ont exercé un métier considéré comme pénible (travail de nuit, port de charges lourdes) ou exposé à l’amiante.
- Les personnes relevant de régimes spéciaux, comme certains fonctionnaires ou agents des industries électriques et gazières.
Avec la réforme des retraites 2023, l’âge légal de départ à la retraite et le nombre de trimestres cotisés ont été redéfinis. Désormais, l’accès au départ anticipé est plus strict, mais le principe subsiste. Les métiers à risques, dont les agents de la SNCF, les forces de l’ordre ou les pompiers, profitent encore de règles spécifiques, à condition de respecter des critères bien déterminés sur la durée d’assurance retraite et la nature de leur activité. Impossible de contourner la nécessité d’un relevé de carrière complet : sans ce document, pas de validation. Il ne faut pas négliger l’impact des interruptions pour maladie, maternité, ou périodes de chômage sur le calcul des droits.
Quels dispositifs permettent de partir avant l’âge légal ?
Plusieurs options existent pour accélérer l’heure du départ, mais chacune répond à des critères précis. Premier point de passage : le dispositif carrière longue. Si vous avez commencé tôt, cotisé sans interruption et atteint le nombre de trimestres exigés avant l’âge clé, la retraite anticipée dès 60 ans (voire avant, selon votre année de naissance) devient accessible.
D’autres dispositifs existent pour ceux confrontés à une incapacité permanente ou à un handicap reconnu. Les personnes avec un taux d’incapacité supérieur à 50 % peuvent partir dès 55 ans, sous réserve d’avoir validé un certain nombre de trimestres cotisés tout au long de leur parcours. Ici, chaque trimestre compte et la moindre omission pèse lourd.
La pénibilité du travail ouvre aussi des droits spécifiques. Grâce au compte professionnel de prévention (C2P), il est possible de cumuler des points en cas d’exposition à des risques (travail de nuit, gestes répétitifs, bruit). Ces points peuvent permettre de partir plus tôt, selon un barème défini.
Certains salariés ayant été exposés à l’amiante relèvent du dispositif Acaata : celui-ci autorise un départ dès 50 ans. Côté régimes complémentaires, l’AGIRC-ARRCO offre parfois la retraite progressive : cela permet de passer à temps partiel, de toucher une partie de la pension tout en poursuivant une activité, sous le regard attentif de l’assurance retraite.
Enfin, les solutions individuelles comme le PER ou l’assurance-vie ne modifient pas l’âge de départ, mais elles peuvent sécuriser financièrement la transition. Les aidants familiaux peuvent, dans certains cas, bénéficier d’avantages spécifiques, mais chaque situation mérite d’être examinée dans le détail. Pour chaque demande, l’année de naissance, la durée d’assurance et la nature des trimestres validés sont déterminants. Cette mécanique laisse peu de place à l’approximation.
Zoom sur les critères essentiels à remplir pour bénéficier d’une retraite anticipée
Pour viser la retraite anticipée à 60 ans, il faut passer par un filtre très sélectif. Le premier point à vérifier : le nombre exact de trimestres cotisés et validés. L’assurance retraite analyse la nature des trimestres : il y a ceux cotisés « plein pot », ceux dits assimilés (chômage indemnisé, maladie, maternité), et certains trimestres réputés cotisés selon des situations précises.
Le seuil change selon l’année de naissance. Par exemple, pour une personne née en 1963, il faut totaliser 172 trimestres. Attention, dans le cadre de la carrière longue, tous les trimestres ne se valent pas : la majorité doit avoir été « cotisée » par un emploi réel ou assimilée selon des règles pointues.
Voici les étapes incontournables pour prétendre à la retraite anticipée :
- Avoir commencé à travailler avant 20 ans : première condition incontournable.
- Atteindre le total de trimestres requis pour espérer le taux plein, sans réduction.
- Faire la demande d’attestation de carrière longue auprès de la caisse de retraite compétente.
Le parcours se complexifie encore pour les personnes en handicap ou incapacité permanente. Obtenir la RQTH ou une décision favorable de la MDPH ouvre la voie à un départ anticipé, mais il faut aussi avoir cotisé suffisamment sous ce statut spécifique.
Partir sans remplir toutes les conditions expose à la décote : la pension peut alors être nettement réduite. C’est pourquoi il est capital de vérifier chaque détail sur le relevé de carrière et d’envisager, si besoin, un rachat d’années d’études pour compléter le compte. Le dispositif ne laisse guère de place à l’approximation : il impose rigueur et anticipation.
Au bout du compte, le départ anticipé n’est pas une simple formalité. Il exige de la préparation, une lecture attentive de son historique professionnel et, parfois, le courage de faire le point sur ses droits bien avant le grand saut. Ceux qui s’y prennent trop tard le découvrent souvent à leurs dépens. La retraite, elle, n’attend personne.