Surendettement : Demande rejetée ? Quels critères influencent la décision ?

La statistique ne ment pas : chaque année, des milliers de dossiers de surendettement sont rejetés, malgré des comptes dans le rouge et des factures qui s’empilent. Derrière ces refus, pas de fatalité ni d’arbitraire : la commission s’appuie sur des critères rigoureux, parfois interprétés avec une subjectivité qui laisse perplexe. Mauvaise foi, endettement volontaire, patrimoine mal évalué… Le couperet tombe sans concession, et chaque décision laisse des traces profondes dans la vie des personnes concernées.

Si la porte se ferme, tout n’est pas fini. Des recours existent, balisés par la loi, souvent mal connus. Entre droits du débiteur, solutions alternatives et parcours du combattant administratif, il reste des issues, à condition de bien comprendre les règles du jeu.

Surendettement : comprendre les critères qui déterminent l’acceptation ou le refus d’un dossier

La commission de surendettement ne s’attarde pas seulement sur le total des dettes ou la faiblesse des revenus. Pour la Banque de France, tout commence avec l’évaluation d’une situation financière considérée comme “irrémédiablement compromise”. Autrement dit, il s’agit de démontrer une incapacité réelle à honorer ses engagements, malgré la meilleure volonté du débiteur.

La procédure, encadrée par le code de la consommation, impose une première vérification : s’agit-il bien de surendettement des particuliers ? Les dettes professionnelles sont exclues du dispositif. Être propriétaire de sa résidence principale ne disqualifie pas d’office, mais la valeur du logement est scrutée : si sa vente suffit à couvrir les créances, la commission peut estimer qu’il n’y a pas de véritable impasse. Pour les propriétaires, l’enjeu consiste donc à prouver que la cession du bien ne réglerait pas le problème ou mettrait la famille dans une situation intenable.

Plusieurs critères pèsent lourd dans la balance :

Voici ceux qui reviennent fréquemment lors de l’examen du dossier :

  • Mauvaise foi du débiteur (volonté de dissimuler des avoirs, organisation d’insolvabilité)
  • Origine des dettes : accumulation volontaire, dépenses hors de proportion avec les ressources
  • Respect des déclarations lors du dépôt du dossier de surendettement
  • Perspectives de redressement : absence de solution réaliste sans intervention extérieure

La commission s’interroge aussi sur la réalité de l’“état de surendettement”. Si les difficultés semblent passagères ou résultent d’une simple négligence, le refus tombe souvent. Le législateur a veillé à ce que la procédure reste une ultime ressource, pas un levier pour repousser ses échéances par confort ou facilité.

Pourquoi une demande de rachat de crédit peut-elle être rejetée ?

Le rachat de crédit, souvent perçu comme une solution miracle, se heurte à la prudence des banques. Le refus de rachat de crédit frappe de nombreux demandeurs, surtout dès lors qu’un dossier de surendettement est en cours ou qu’une inscription au FICP (Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers) vient ternir le profil. Les établissements financiers passent au crible la stabilité des revenus, l’historique bancaire et, surtout, le taux d’endettement projeté après regroupement des créances.

Le seuil fatidique du taux d’endettement reste la référence : au-delà de 33 à 35 % des ressources, la porte se referme. Parfois, le seuil descend encore si la situation professionnelle est précaire ou si les charges fixes sont importantes. Un simple incident de remboursement, une inscription au FICP ou une mauvaise gestion récente suffisent à disqualifier un dossier. Le risque, dans l’esprit de la banque, pèse plus que la détresse du demandeur.

Dès que le passif inclut des dettes professionnelles ou si une procédure de surendettement avéré est engagée, l’accès au rachat de crédit traditionnel n’est plus envisageable. Les profils aux revenus trop fluctuants ou insuffisants, incapables d’assumer une nouvelle mensualité, sont également écartés sans ménagement.

Pour les établissements prêteurs, la logique ne varie jamais : capacité de remboursement tangible, gestion des comptes irréprochable et absence d’incidents récents constituent le socle d’une demande recevable. Les critères sont transparents, la marge de négociation réduite à peau de chagrin.

Quels recours après un refus : droits et démarches à connaître

Un refus de la commission de surendettement n’interdit pas toute perspective d’amélioration. Le code de la consommation protège le débiteur et encadre ses droits. Première étape : réclamer une notification écrite du refus, accompagnée de l’exposé des motifs. Les causes peuvent varier, du simple constat d’une situation jugée réversible à la présence de dettes professionnelles ou à un manquement aux critères légaux.

Le débiteur peut exercer un droit de recours devant le juge du contentieux de la protection. Ce recours doit être engagé dans les quinze jours suivant la notification. Il permet de contester l’analyse de la commission ou la qualification de l’état de surendettement. À ce stade, un dossier solide, étayé de preuves actualisées et d’arguments précis, fait souvent la différence.

Pour mener à bien cette contestation, plusieurs étapes sont à prévoir :

  • Demander la copie complète du dossier auprès de la commission
  • Rassembler tous les justificatifs de situation financière, ainsi que les documents relatifs aux revenus, charges et dettes
  • Rédiger une lettre argumentée, en détaillant point par point les désaccords avec la décision
  • Saisir le juge du contentieux de la protection dans le délai imparti

Dans certains cas, une nouvelle tentative auprès de la commission de surendettement est envisageable si la situation évolue. L’appui d’un travailleur social ou d’une association comme Crésus peut changer la donne, en évitant les pièges administratifs et en optimisant le dossier. Lorsque tout semble bloqué, des procédures spécifiques, effacement des dettes ou rétablissement personnel, peuvent être envisagées, sous réserve de remplir les conditions requises.

Jeune homme tenant une lettre de rejet devant un bâtiment officiel

Solutions concrètes pour rebondir face au surendettement

Un refus de la commission n’épuise pas toutes les ressources. Plusieurs alternatives existent pour tenter de retrouver l’équilibre. Le plan de redressement figure en première ligne : il s’agit d’un accord, négocié avec les créanciers, pour réorganiser le remboursement des dettes ou alléger les échéances. Si aucun compromis n’émerge, la Banque de France peut imposer des mesures de réaménagement.

Pour les situations les plus compromises, la procédure de rétablissement personnel est parfois la seule issue. Elle permet un effacement total ou partiel des dettes lorsque le patrimoine ne peut plus être mobilisé efficacement. Cette démarche, menée sous contrôle judiciaire, s’adresse à ceux qui ont épuisé toutes les autres solutions, y compris la vente à réméré pour les propriétaires : ces derniers vendent temporairement leur logement afin de solder les dettes financières, tout en gardant la faculté de le racheter par la suite.

Des associations telles que Crésus proposent un accompagnement personnalisé, facilitant le dialogue avec les créanciers et le montage de dossiers. Un rachat de crédits, bien que difficile en cas d’inscription au FICP, peut parfois permettre une réorganisation, sous réserve d’avoir retrouvé une situation stable.

Solution Public concerné Effet principal
Plan conventionnel de redressement Débiteurs solvables Rééchelonnement des dettes
Mesures imposées par la Banque de France En cas d’échec de l’accord amiable Réduction ou suspension des paiements
Rétablissement personnel Débiteurs en situation irrémédiablement compromise Effacement des dettes

Être accompagné par un professionnel ou une association rompus à l’exercice réduit les risques de faux pas dans la constitution d’un nouveau dossier. Quand la faillite personnelle devient la seule issue, le passage devant le juge s’impose, réservé aux situations de cessation de paiements avérée.

Le surendettement n’est jamais une fatalité gravée dans le marbre. Derrière chaque dossier rejeté, il y a la possibilité d’un rebond, d’un rééquilibrage, parfois d’une renaissance. Même au cœur de la tempête financière, la sortie de crise reste à portée de main de ceux qui osent frapper à toutes les portes, jusqu’à ce que l’une d’elles s’ouvre enfin.

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